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14 mars 2009

Morse



Les films nordiques qui nous parviennent sont bien souvent du meilleur calibre. Personnellement, je suis particulièrement amateur des longs-métrages de Anders Thomas Jensen, Susanne Bier, Nicolas Winding Refn et bien sûr Aki Kaurismäki.

Il semblerait qu'il faille désormais compter avec le Suédois Tomas Alfredson. On sait bien peu de choses de lui, mais ce n'est pas un débutant. Né en 1965, il a surtout réalisé des épisodes de séries TV suédoises, mais aussi quatre longs-métrages de 1995 à 2004, jamais distribués en France. Avec son cinquième film, Låt den rätte komma in (Let the right one in - rebaptisé Morse pour l'exploitation française ; on comprend le pourquoi seulement vers la fin du film, mais c'est un choix peu opportun en tout cas), le cinéaste se retrouve propulsé comme un des meilleurs espoirs du cinéma européen. Le film a récolté une moisson insensée de prix dans les festivals du monde entier (plus de 40 prix). Le remake américain de Morse est déjà en route (il sera réalisé par Matt Reeves, qui a cartonné avec Cloverfield).

Le problème de Morse, c'est qu'il convient de ne pas trop en dire, et le peu qu'on peut en dire risque d'induire en erreur. Essayons tout de même.

Oskar est un jeune adolescent, fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance... Quand Eli s'installe avec son père sur le même palier que lui, Oskar trouve enfin quelqu'un avec qui se lier d'amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l'intriguer... et son arrivée dans cette banlieue de Stockholm coïncide avec une série de meurtres. Oskar va finir par comprendre qu'Eli a des besoins particuliers, mais cela ne va pas remettre en cause leur complicité naissante, au contraire...

Morse est une variation surprenante et glaciale du thème du vampire, qui n'est ici qu'un prétexte pour mettre en scène une histoire d'amitié/amour peu banale entre deux très jeunes ados. Tomas Alfredson filme avec un détachement et une austérité toute scandinave les rares moments sanglants, de façon à en retirer tout effet de manche inutile, et tout cliché potentiel. Les plans, d'une esthétique sobre, sont ciselés à l'extrême, et dégagent une impression de maîtrise extrême. Le scénario, adapté d'un roman best-seller en Suède, permet beaucoup d'interprétations possibles et les détails remarquables sont fort nombreux, mais impossible d'en parler ici sans spoilers.

Retenons que si Morse a autant séduit dans le monde entier, c'est bien parce qu'il dépasse sans effort le carcan du fantastique horrifique, pour s'élever à une altitude d'étrange poésie. Le contraste entre la candeur d'Oskar et l'animalité enfantine de son amie Eli, leur solitude désespérée et leur relation impossible restent présents à l'esprit longtemps après la fin de la séance. Vivement la suite des aventures de Tomas Alfredson, en effet.

8/10