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05 octobre 2008

Entre les murs



Après Elephant, Fahrenheit 9/11, ou encore 4 mois, 3 semaines, 2 jours, voici encore une Palme d'or récompensant un film "choc", empruntant à la forme documentaire, et à la portée politique indéniable. Il devient donc agaçant que les jurés, année après année, semblent vouloir décerner la Palme dans le principal but (supposé) d'attirer l'attention des medias et du grand public sur un sujet - voire une cause - pas toujours des plus "divertissants". Heureusement, une Palme d'or ne sert pas qu'à récompenser les films esthétiquement et techniquement des plus parfaits, mais il semblerait que nous assistions désormais à l'excès inverse ; un film reposant sur sa seule faculté d'interpeller fermement nos consciences a dorénavant toutes les chances de décrocher la suprême récompense, en occultant tout ce qui fait d'un film une oeuvre d'art à part entière.

Alors, a-t-on de quoi être fier, en tant que Français, que Laurent Cantet ait enfin succédé à Maurice Pialat, Palme d'or de consensus en 1987 ? Le film vaut pour ce qu'il est : un constat très efficace, voire choquant, donc, sur l'exercice de l'enseignement public dans les collèges défavorisés. Entre les murs est à la hauteur de cette entreprise, en particulier grâce aux dialogues brillants et percutants. Cependant, si ce film est donc un constat, je suis tenté alors de rajouter : un de plus, et c'est tout. Même si Entre les murs a de quoi laisser profondément songeur après sa scène finale - édifiante et de loin le moment fort du film, ce n'est probablement pas un film de la trempe des grands classiques qui ont émaillé l'histoire des Palmes d'or. Cette distinction sera donc peut-être un peu lourde à porter par ce film, dont la forme de "huis clos" (le titre ne ment guère, globalement) et la sécheresse formelle (pour ne pas dire pauvreté de la mise en scène) laissent définitivement songeur quant au fait qu'il n'y avait rien de plus cinématographiquement remarquable dans le reste de la sélection cannoise de 2008... De ce point de vue, au moins Elephant et 4 mois, 3 semaines, 2 jours savaient se distinguer.

6/10