21 mars 2009
Revanche
Revanche (titre original, le mot ayant la même signification en allemand et en français) est une variation franchement originale sur les thèmes de la culpabilité, de la rédemption et du pardon. Film autrichien de Götz Spielmann, il était en compétition pour l'Oscar 2009 du meilleur film en langue étrangère, et on comprend cette sélection à la vision de ce huitième long-métrage du cinéaste, qui en a aussi écrit le scénario.
Spielmann n'a donc rien du débutant et sa maîtrise formelle est impressionnante ; elle n'a rien à envier à son fameux compatriote Michael Haneke. Le scénario ne navigue néanmoins pas dans les mêmes eaux, même si Spielmann, à l'instar d'Haneke, s'ingénie à décevoir les dispositions manichéennes du spectateur. C'est bien là le coup de maître de Spielmann : parti sur un pitch simplissime (un employé d'un bordel à Vienne et sa copine prostituée décident de braquer une banque dans un petit village en campagne pour fuir leur triste vie), il n'a cesse de nous emmener vers des situations, des paysages et des personnages qui fascinent par leur complexité.
Malgré la noirceur de son film, le cinéaste ne se reconnaît pas dans un cinéma social et dénonciateur : "Au-delà des conflits et des événements douloureux que je relate, il y a dans mes films une note foncièrement optimiste, la conviction que la vie a du sens et vaut d'être vécue", insiste-t-il. En mettant l'accent sur la quête spirituelle que mènent ses personnages, Spielmann se refuse à faire un film manipulant les spectateurs par les larmes car selon lui, "il n'y a pas d'incompatibilité entre émotions d'une part et réflexions lucides et précision formelle de l'autre". Désireux de ne pas proposer un banal thriller, le réalisateur n'a pas fait reposer Revanche sur le suspense, tenant à se démarquer du genre et plus essentiellement à confronter des personnages ordinaires à des situations tragiques.
Heureusement qu'il y a encore des distributeurs comme MK2 pour permettre de voir de telles œuvres ; Revanche est sorti sur 9 copies en France, ce qui laisse songeur.
8/10
13:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, götz spielmann, johannes krisch, andreas lust