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01 juin 2009

Jusqu'en enfer



Pour son 13e long-métrage, Sam Raimi renoue enfin avec le genre horrifique qui a fait sa réputation ! Je n'ai rien contre la saga Spider-Man, mais il est relativement pénible de voir des réalisateurs de cette trempe accaparés par des gros projets hollywoodiens où leur personnalité surnage tant bien que mal. Néanmoins, l'assise financière ainsi acquise a permis à Sam Raimi (qui occupe aussi le siège de co-producteur) et son frère (au scénario) de se lancer dans ce long-métrage en ayant une totale liberté artistique. Et le résultat est jubilatoire !

Jusqu'en enfer est une fable horrifique extrêmement divertissante grâce à son rythme infernal et son humour sadique ravageur. De plus, les frères Raimi ont eu l'excellente idée de la placer dans un contexte social ô combien pertinent. Pour satisfaire son patron et espérer ainsi monter en grade, une employée de banque (Alison Lohman) refuse une prolongation de crédit à une vieille femme gitane. Pas de chance, la mauvaise vieille devient une furie (incroyable scène du parking sous-terrain) et lui lance un sort qui lui laissera trois jours tourmentés avant que son âme ne soit réclamée par la créature du Lamia...

Raimi ressert tous les clichés des (bons) films d'horreur, mais avec une fraîcheur de mise en scène et un impact sonore tellement ébouriffant que le résultat est hautement festif. L'équilibre entre horreur et humour est remarquable et constitue la clé de ce spectacle jouissif de bout en bout, qui n'est pas sans rappeler Evil Dead pour ses excès et ses effets spéciaux artisanaux. Remarquons aussi la prise de risque fort bien négociée d'Alison Lohman, qui ajoute de surcroît un grand réalisateur de plus à sa filmographie, après Ridley Scott, Tim Burton et Atom Egoyan.

8/10

17 février 2008

Things We Lost In The Fire



Le précédent long-métrage de la Danoise Susanne Bier, After The Wedding, m'avait laissé relativement pantois devant une telle réussite artistique.

Contrairement à que je souhaitais alors, je n'ai pas pu découvrir depuis le reste de la filmographie de Susanne Bier, mais la réalisatrice a sorti son nouveau film, Things We Lost In The Fire (sorti en France sous le nom approximatif de Nos Souvenirs brulés), tourné pour la première fois aux USA, avec des acteurs américains : Benicio Del Toro, Halle Berry, Alison Lohman, David Duchovny...

En quelques minutes, la personnalité intense de la réalisatrice se retrouve intacte à l'écran, et je peux alors me borner à reproduire à l'identique ce que j'écrivais à propos de la réalisation d'After The Wedding : Susanne Bier filme beaucoup caméra à l'épaule, passant littéralement au scalpel des performances d'acteurs viscérales. Ses cadrages sont virtuoses et nous transportent au coeur de l'émotion et de l'atmosphère des scènes. Mieux, elle sait capter mille détails qui mettent le récit en état d'apesanteur pour quelques secondes, comme sait si bien le faire l'immense Michael Mann. Ajoutons que le directeur de la photographie est Tom Stern, le chef op' des cinq derniers films de Clint Eastwood... et nous avons une réussite formelle déjà incontestable. Mais ce n'est pas tout.

Things We Lost In The Fire est stylistiquement un drame, par moment un mélodrame, mais jamais (à mon avis) sans franchir la ligne jaune, c'est-à-dire sans tomber du côté de la guimauve. Le scénario évite de surcroît les clichés qui s'offrent à lui, et le centre de gravité du film se déplace peu à peu au cours des deux heures. Les acteurs sont admirablement bien dirigés (même l'habituellement transparente Halle Berry est bouleversante). Benicio Del Toro a comme d'habitude étudié de très près son personnage, ici de junkie, en allant jusqu'à participer à des réunions des Narcotics Anonymous. Le résultat est intense, douloureux, pétrifiant, mais ni ennuyeux, ni boursouflé ; en un mot : digne. Néanmoins, inutile d'aller voir de tels films si vous n'avez pas le moral, on en ressort groggy.

Vivement le prochain film de Susanne Bier, et espérons qu'elle va finir par se faire un nom, en tout cas son passage de l'autre côté de l'Atlantique est un succès, ceci grâce au producteur Sam Mendes (réalisateur d'American Beauty, Jarhead...), qui l'a choisie spécifiquement pour ce projet et qui lui a laissé une liberté totale. Susanne Bier a d'autres projets de films aux USA ; si la qualité reste à ce niveau, nul doute que le grand public devrait enfin avoir une autre image du cinéma danois que celle de Lars Von Trier !

8/10