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29 juillet 2009

Bronson



Né en 1970, Nicolas Winding Refn est un réalisateur danois à l'évidence surdoué, qui a percé brutalement à l'âge de 26 ans dès son premier long-métrage en 1996 : Pusher, un des tout premiers films avec Mads Mikkelsen, l'acteur danois qui connaît désormais une carrière flatteuse avec la reconnaissance d'Hollywood - cf. Casino Royale dans le lequel il interprète le méchant le plus convaincant depuis belle lurette dans un James Bond !

Refn a été ainsi vite repéré aux USA, ce qui lui a permis de tourner son premier film en langue anglaise en 2002, Fear X, avec le fantastique John Turturro dans un rôle principal mémorable. J'ai vu Fear X au cinéma, à sa sortie, alléché à l'époque par la bonne réception critique. Ce fut hélas un échec commercial, qui ruina la société que Refn avait monté pour le financer. C'est donc par nécessité que Refn a tourné deux suites à Pusher, Pusher 2 et 3, qui ont acquis la reconnaissance en dehors du Danemark grâce à une sortie simultanée dans les salles en juillet 2006, et surtout grâce un coffret DVD regroupant les 3 films, coffret qui a connu un joli succès grâce au bouche-à-oreille élogieux et grâce à un prix canon.

Pour moi, Refn est donc vite devenu un des réalisateurs surdoués et prometteurs à suivre de très près, mais il aura donc fallu attendre 2009 pour qu'on puisse voir enfin la suite de ses aventures : tout d'abord, ce Bronson à nouveau tourné en langue anglaise, et plus tard cette année (ou en 2010), le très attendu Valhalla Rising, film de vikings avec à nouveau Mads Mikkelsen (n.b. : tourné dans les Highlands écossais, notamment à Glen Affric où j'ai passé une partie de mes vacances cette année :)

Pour en revenir à Bronson, le film est un pari artistique un peu fou, puisque Refn s'est approprié l'histoire de Michael Peterson, surnom Charles Bronson, le criminel le plus violent de Grande-Bretagne, personnage réel qui a passé 34 années en prison, dont 30 en cellule d'isolement (il y est encore à l'heure actuelle).

Nous sommes loin d'un biopic, Refn n'ayant gardé qu'un certain nombre de détails factuels de la vraie vie de Michael Peterson. Contrairement à la plupart des films de prison qui traitent de l'évasion, Refn s'est attaché au paradoxe soulevé par l'attitude de Peterson, qui a tout fait pour rester enfermé depuis l'âge de 19 ans (à noter que le vrai Peterson n'a jamais commis le moindre meurtre et qu'il a malgré tout réussi à se faire condamner à perpétuité ; des cellules spéciales d'isolement ont dû être construites pour prévenir la violence qu'il fait subir au personnel de la prison, une de ses spécialités étant la prise en otage de matons).

Refn n'apporte aucune réponse au comportement destructeur de Peterson/Bronson, mais soulève évidemment quantité de questions. Le personnage de Bronson est fascinant dans son entreprise radicale pour devenir célèbre (rester en prison en punissant ceux qui l'y ont mis), et dans sa rage absolue et insondable contre... tout, sans qu'on sache ce qui est la cause et ce qui est la conséquence. Libération a vu dans Bronson un "film stupéfiant sur la liberté inaliénable, sur la sauvagerie tapie au fond de chacun d’entre nous et sur le mythe de la rébellion sans cause". Si on le prend sous cet angle-là, la musique classique qui accompagne la plupart des scènes du film nous évoque alors irrémédiablement LA grande œuvre de tous les temps sur la violence, Orange Mécanique. On ne peut pas nier que Refn a su délivrer avec Bronson un OVNI qui défie lui aussi la compréhension et qui flirte avec la poésie. En effet, Bronson, comme Alex dans Orange Mécanique, échappe à toute rationalisation, et renvoie directement à la faillite de la société qui engendre ces "monstres" et qui ne sait pas comment les gérer.

Néanmoins, Refn n'est pas (encore) Kubrick et grève son film de scènes purement théâtrales (qui ne sont pas sans rappeler Mulholland Drive de Lynch), qui, pour une raison qui m'échappe encore, ne semblent pas fonctionner dans le rythme du film. En outre, le personnage de Bronson est tellement médiocre (il n'a aucun talent, il ne serait rien sans cette violence de bête sauvage ultime qui en fait le plus célèbre détenu de Grande-Bretagne), que cette médiocrité finit par rejaillir sur le film et rendre les 1h30 un peu longues. Tom Hardy, qui interprète Bronson, a trouvé le rôle de sa vie, et propose une stupéfiante (voire inquiétante) performance d'acteur.

La revue de presse a été largement dithyrambique, et il est vrai que Refn propose ici une véritable expérience qui relève presque du trip. Pourtant, bien que véritablement admirateur de Refn, Bronson ne m'a pas vraiment convaincu en tant que tout - même si un très grand nombre de ses parties sont remarquables. N'hésitez donc pas à essayer de voir Bronson, ça ne vous laissera pas indifférent.

7/10

Commentaires

Je suis content que tu aies fait une review de ce film.
J'étais tenté, maintenant je suis convaincu. Il faut que j'aille le voir, et je ne suis pas certain qu'il reste très longtemps sur les écrans...

Écrit par : Archaos | 29 juillet 2009

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