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23 mars 2007

Notre pain quotidien



Pendant deux ans, le réalisateur Autrichien Nikolaus Geyrhalter a placé sa caméra au coeur des plus grands groupes européens agroalimentaires, nous donnant accès à des zones habituellement totalement impénétrables. Il a filmé les employés, les lieux et les différents processus de production pour réaliser un documentaire qui interroge et implique intimement chaque spectateur.

Notre pain quotidien ouvre une fenêtre sur l'industrie alimentaire de nos civilisations occidentales modernes. Réponse à notre sur-consommmation, la productivité nous a éloigné d'une réalité humaine pour entrer dans une démesure ultra-intensive qui a rejoint les descriptions des romans d'anticipation.

Cadrages minutieusement composés, images cristallines, montage fluide construisent un film sans commentaire, sans propagande, dont les images parlent et demeurent.


Il n'y a pas grand-chose à rajouter au synopsis de Notre pain quotidien, si ce n'est que tout ce qui y est décrit est rigoureusement exact ; et surtout, ce film interpelle, sans jamais prendre position (aucune dénonciation), et fait réfléchir, au lieu d'apporter des réponses ; ce qui le distingue nettement d'un "documentaire". Il convient de ne déflorer aucune des scènes afin que les éventuels futurs spectateurs gardent toute surprise intacte.

Néanmoins, je me contenterai juste de préciser qu'au delà de certaines images qui pourront choquer les gens un peu sensibles (vue du sang, des entrailles, etc., pour les scènes se situant dans des abattoirs), l'essentiel est évidemment ailleurs (les hommes abattent en effet des animaux pour se nourrir depuis toujours) : l'émotion la plus vertigineuse est sans conteste celle ressentie à la vision de l'annihilation totale de respect aussi bien pour les animaux (réduits, même encore vivants, à l'état d'objets, certaines scènes étant involontairement d'un comique absurde, mais atroce), que pour les employés, dont les tâches et les conditions de travail font froid dans le dos. On se situe en effet à l'extrême de la déshumanisation du "travail". Ce sont véritablement des scènes de science-fiction qu'on a l'impression de regarder se dérouler. Et pourtant ceci a lieu dans des usines européennes. Le plus effrayant, au final, est se dire que pour nourrir autant de monde, avec si peu d'agriculteurs, il n'y a sans doute pas d'alternative réaliste pour l'instant.

8/10

11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

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