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28 janvier 2007

Bobby



Une fois n'est pas coutume, je vais reproduire une courte critique que j'ai lue après avoir vu ce cinquième film d'Emilio Estevez (fils de Martin Sheen, qui jour d'ailleurs dans le film), car elle a le mérite d'être concise et de refléter au mot près ce que j'en pense... Voici une petite pépite à ne pas rater si vous aimez les films choraux, et les films traitant de l'Histoire pour mieux illustrer les aberrations du présent.

L'impression qui domine est celle d'une vaste tapisserie chorale, fluide mais un peu terne, où une douzaine de superstars se croisent dans les couloirs de l'hôtel de Los Angeles où le jeune sénateur démocrate Robert Kennedy fut assassiné le 5 juin 1968. Mais, à un quart d'heure de la fin, les mailles se contractent avec une fulgurance de spasme pour amorcer un crescendo d'une exceptionnelle intensité, immense flash de lumière rétrospective sur ce qui s'impose à l'arrivée non seulement comme un bouleversant requiem à une Amérique perdue, mais aussi comme une impitoyable critique en creux de celle de George W. Bush.

Bernard Achour (TéléCinéObs)


8/10

18:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

Pars vite et reviens tard



Régis Wargnier est le réalisateur de Indochine et de Est-Ouest. C'est tout de même un cinéaste élégant et plutôt digne d'intérêt. Cette adaptation du roman policier de Fred Vargas, avec un casting fort alléchant (Lucas Belvaux et José Garcia en tête) avait donc tout d'un programme qui fleure bon le polar ciselé.

Hélas, le scénario adapté est proche du grotesque, il est très difficile d'arriver à croire à cette histoire de meurtrier en série qui semble colporter la peste dans Paris. L'ambiance légèrement fantastique fait penser au pire, comme les films de l'affreux Jean-Christophe Grangé (Les Rivières Pourpres, L'Empire des Loups, Le Concile de Pierre). Le film se traîne à un rythme très explicatif qui plombe totalement le suspense, et jamais Wargnier ne parvient à donner le véritable souffle de panique qu'un tel événement devrait engendrer dans une métropole de 10 millions d'habitants (quelques scènes ridicules dignes d'un bon téléfilm essaient de nous convaincre que le peuple a peur, très peur).

On pourrait faire moults jeux de mots sur le titre de ce film, mais tout simplement, non, n'y allez pas.

4/10

18:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

17 janvier 2007

Le Serpent



La réalisation d'Eric Barbier possède une certaine sophistication assez rare en France, qu'on pourrait rapprocher de celle d'Eric Rochant. Porté par deux acteurs talentueux dans des rôles à contre-emploi, ce thriller bien français (de par ses rebondissements de temps à autre hélas bien tirés par les cheveux) aux relents américains (pour sa tension nettement plus aiguë que nos polars traditionnels) est donc un divertissement relativement réussi, du moment qu'on est disposé à passer sur le scénario pas toujours crédible, seul point faible de l'entreprise.

7/10

15:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

05 janvier 2007

The Fountain



Quand on s'appelle Darren Aronofsky, qu'on a réalisé en 1999 un des films les plus virtuoses et un des plus viscéraux de ces 20 dernières années (Requiem For A Dream), on est forcément très guetté au tournant pour la suite, et la longue durée de gestation (6 ans) n'arrange rien. Il faudrait donc arriver à se faire une opinion en oubliant que c'est un des plus grands espoirs du cinéma qui est derrière ce film, mais c'est évidemment impossible.

La déception ne peut donc qu'être grande. The Fountain a tout du film qui était très ambitieux (le combat à travers les âges d'un homme immortel pour sauver la femme qu'il aime), et dont la naïveté confondante ne peut que déclencher un sentiment de frustration immense. On pourrait à la limite oublier la bêtise des tartines de métaphysique inspirée par la mythologie maya ; mais on ne peut qu'être révolté par la lourdeur des scènes larmoyantes, qui ne parviennent que rarement à atteindre le millième des émotions de son film précédent, grâce au jeu toutefois convaincant et au charme du couple Hugh Jackman/Rachel Weisz.

Le cinéphile sera en peine de voir également que les fulgurances de mise en scène d'Aronofsky sont aux abonnés absents, le montage zigzaguant entre trois époques tentant d'induire un peu de complexité (ou de finesse ?), mais la mayonnaise ne prend pas. Il en ressort plutôt une impression de prétention, d'objet qui se veut arty, alors que Requiem For A Dream était entre autres stupéfiant pour la pertinence de ses transitions entre hallucinations et "monde réel".

Quand on connaît le temps et le soin investis par Aronofsky dans ce film, on peut être pris d'un doute et se dire qu'on n'a en fait pas tout "compris". Le film est donc sans doute à revoir pour lui laisser une deuxième chance, mais il y a fort à parier qu'hélas, The Fountain tienne plus du gros ratage (eu égard au propos, avec son originalité), que du "grand film malade" injustement incompris.

6/10

22:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Cinéma