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28 septembre 2006

La Méthode



El Método est apparemment le 6ème long-métrage de l'argentin Marcelo Piñeyro, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'après avoir vu la maîtrise de ce film, cela donne envie de voir ses oeuvres précédentes.

Sept candidats se présentent dans une multinationale qui veut embaucher un nouveau cadre. Au lieu d'être reçus un par un pour un entretien privé, ils sont conviés autour d'une table avec un écran d'ordinateur en face de chacun d'entre eux, qui va leur donner des instructions pour la suite de la sélection. Après s'être présentés les uns aux autres avec méfiance, tous commencent à se demander s'ils ne sont pas observés par des caméras et si l'on n'a pas infiltré parmi eux un psychologue qui serait en train de les examiner, pour les éliminer un par un...

Ce pitch est propice à une étude psychologique extrêmement intéressante mais encore fallait-il que les textes soient brillants, pour réussir à captiver le spectateur pendant presque deux heures (sous forme de huis clos pendant plus d'1h30). Le pari est quasiment totalement réussi, car le sentiment de piège qui s'est refermé autour de ces candidats est presque stressant et la pression ne se relâche vraiment que dans les tout derniers plans. Seule une scène paraît peut-être de trop, et pas au niveau du reste du film.

Sous forme de joute mentale fort cruelle (voire perverse), c'est bien une critique acerbe du libéralisme et de ses excès (manque d'éthique en particulier) qui est ici dessinée avec brio. La mise en scène est très dynamique et de nombreuses trouvailles permettent à la caméra de respirer dans cet espace restreint. Les acteurs, quasiment tous inconnus pour nous, sont réellement brillants et parviennent à semer constamment le doute sur qui ils sont vraiment et quelles sont leurs intentions réelles.

Dans une note précédente, je louais la vitalité du cinéma sud-américain, qu'il soit filmé en langue espagnole ou portuguaise. Marcelo Piñeyro vient tout simplement grossir les rangs du club des très doués, aux côtés de Fernando Mereilles, Alfonso Cuarón, Carlos Sorin, Walter Salles, et du très regretté Fabián Bielinsky, décédé cette année d'une crise cardiaque, parti bien trop tôt en nous laissant une perle (Les Neuf Reines - Nueve Reinas, 2000) et un chef d'oeuvre (El Aura, 2006).

Que vous soyez cadre dans une entreprise, ou que vous ayez déjà passé des entretiens, ou bien encore que le libéralisme vous écoeure, La Méthode vous touchera. On ne ressort pas indemne d'une telle douche glaçante.

8/10

19:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Chouette, je vais pouvoir me défouler :)
J'ai été franchement déçu par ce film. J'en attendais quelque chose de bien amer, comme tu le décris si bien. Mais je suis ressorti de la salle avec un goût pâteux.
C'est un peu longuet, ça s'embourbe par moments, ça ne colle pas complètement à la réalité (se retrouver seul ou à plusieurs devant un écran, on n'en est pas encore là, ou alors j'ai un train de retard).

Bref, ce film me parait plutôt bien travaillé sur le fond et le message qu'il transmet, belle critique acérée des relations peu humaines qui existent dans le monde du travail.
Mais sur la forme, je ne suis pas réellement convaincu que ce soit la meilleure façon de les exprimer, hormis quelques détails bien trouvés (le vol de chemise dans les toilettes est d'une justesse étonnante).

Écrit par : Jerome | 04 octobre 2006

Jérôme, je suis désolé (et surpris tout de même) que tu aies été franchement déçu par le film.

Un peu longuet : j'avais écrit qu'une scène était de trop, je pensais à celle avec le ballon, assez longue. On est d'accord en tout cas que c'est un poil trop long.

Ca ne colle pas complètement à la réalité : heureusement qu'un tel test n'existe pas (encore ?), mais c'est l'intérêt aussi du cinéma : extrapoler, pour mieux mettre en garde contre les dérives. On n'en est pas rendus en effet à se retrouver seuls devant des écrans d'ordinateurs, mais tu as sans doute remarqué que l'ordinateur joue un rôle très mineur : il transmet juste des consignes avec le jeu de rôle, et c'est tout.

Le reste, ce sont donc des jeux de rôles entre candidats, et ça, cela existe déjà (moi-même j'en ai fait...). Ici, ces jeux s'avèrent cruels...

Je ne cherche pas à te faire changer d'avis, mais il m'a semblé que cette méthode, en dehors d'effets théâtraux (la voix-off robotisée "it's over" et l'écran qui tourne tout seul quand un candidat est éliminé), est hélas très crédible.

Cette méthode a le mérite en outre de s'inspirer des peurs paranoïaques des jeux de TV réalité, même si ce n'est jamais exprimé... et une telle dérive me paraît vraiment hélas possible.

Écrit par : Sébastien | 04 octobre 2006

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