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04 janvier 2006

Lord Of War



Je n'étais pas spécialement rassuré au départ car le dernier travail de Niccol était le scénario de The Terminal (2004), réalisé par Spielberg ; c'était beau, émouvant, mais somme toute regorgeant de ficelles bien éprouvées. On était loin de la pertinence du scénario de The Truman Show (1998).

Sa dernière réalisation (dont il était également responsable du scénario), S1m0ne (2002), m'avait aussi un peu laissé sur ma faim à cause d'un Pacino en pur cabotinage et d'un pitch de dépard assez difficile à croire, même avec beaucoup de bonne volonté.

Avec Lord Of War, Nicolas Cage retrouve un rôle borderline comme il sait si bien les incarner (cf. Wild At Heart, Leaving Las Vegas, 8mm, etc.), et Niccol renoue une fois de plus avec son thème de prédilection : la manipulation.

Mais cette fois, Niccol a enterré S1m0ne (heureusement) pour revenir à une qualité digne de Gattaca, que ce soit pour le scénario ou la mise en scène !

Le générique est à lui seul un pur bijou, comme Niccol sait toujours les soigner. Il sert d'ailleurs à donner le ton du film : on suit le cheminement de la vie d'une balle de sa fabrication à sa cible finale, un enfant.

Ce ton sans concession et très dur (car résolument réaliste) sur le monde du commerce des armes a totalement échaudé les producteurs hollywoodiens si bien que le film a été financé par un improbable montage entre plusieurs sociétés de production indépendantes. Les USA sont en effet vivement critiqués, mais ce ne sont pas les seuls : le film se termine en nous rappelant que curieusement, les pays vendant les plus d'armes sont les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, dont... la France.

Point de happy end avec ce film, qui nous renvoie en plein tête l'hypocrisie écoeurante des pays soi-disant les plus développés, dont le nôtre. Violent, pervers, très documenté (tous les chiffres énoncés sont authentiques), terrifiant, le dernier opus d'Andrew Niccol ne constitue pas un divertissement, mais quasiment une autopsie vertigineuse d'un monde pourri, le nôtre. Difficile de resortir de la salle en se disant simplement qu'on a vu un "bon" film ; une sensation de dégoût coupable mais peut-être salutaire devrait envahir tout spectateur encore un peu humain.

8/10

22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma